TJ Critic(que)s § Rite of spring, Dairakudakan

Revue du Sacre du printemps / Rite of spring de Jongye Yang, compagnie Dairakudakan, Novembre 2025

Le sacre du printemps / The rite of spring /春の祭典
Compagnie Dairakudakan
Chorégraphie : Jongye YANG, direction artistique Akaji MARO
Danseuses (7) : Jongye YANG, Azusa FUJIMOTO, Yuna SAIMON, Mai TANIGUCHI, Misako TANIGUCHI, Erika ISHII, Mayo TSUBANKO
 Musique:dream library,  Son:Keita Arai
Représentation du 1er novembre 2025, Kochuten, Kichijoji, Tokyo.
Durée  env. 1h15
Evaluation : 4.5/5 FOR ENGLISH TAP HERE

Kochuten, le paradis dans une jarre, est le studio propre de la compagnie Dairakudakan, où celle-ci produit des spectacles depuis 2001. Avec une jauge de 60 spectateurs, la salle était comble, les coussins ronds posés sur les bancs avaient été rapprochés au maximum de façon à pouvoir faire rentrer tout le public, avec le soutien et les injonctions bon enfant des membres de la troupe chargé de l’accueil.

1/ Planet Solaris
Le rideau levé, on est confronté à une scène verticale : des échafaudages s’échappent d’une cloison obscure, et 5 danseuses sont fixées au mur, entravées par les barres de fer qui protrudent. Ce premier tableau, très impressionnant, consiste en une chorégraphie verticale, les danseuses, toutes de blanc peintes, réussissant à se libérer, à bouger, ensemble, en rythme. Coordination des gestes, enchaînements des déplacements, travail abdominal, jeux de jambes. Alors qu’après différentes migrations les caractères reprennent leur place, une orbe apparaît. Boule de disco, la danseuse du milieu s’en empare, puis les personnages disparaissent sur le côté droit où se cache une ouverture.

2/ Summoning the Unknown X
L’orbe a roulé au milieu de la scène. Une danseuse surgit, se déplacement en un quatre patte renversé, sur le dos, mouvement subtilement grotesque, reptation suspendue. L’orbe lui glisse entre les jambes, et son dos vient se frotter à l’orber, l’emportant en rotation dans son déplacement. En l’air, sur l’échafaudage, apparaît une ombre, toute de noire emplatrée, avec un fundoshi minimaliste pour tout vêtement, à l’exception de souliers rouges, rouges comme l’ornement de cils/fils/larmes qu’elle a collé sous son regard. On a l’impression de voir le Christ pleurer des larmes de sang, ou plutôt une de ces vierges noires de l’Auvergne ou de l’Italie médiévales. L’ombre se déplace, elle tient une radio qui émet un bruissement indistinct, le poste ne capte pas, parfois s’échappe une phrase, pas aussi distinctement que dans l’Orphée de Cocteau. 

 3. To Mom
Trois danseuses, toujours blanches, arrivent de la droite, en jupes bleues et chapeau de paille. Pas de danse, déambulation, elles prennent possession de la scène. Au son de brefs jappements, elles dansent et déambulent. Arrive un cerf, crâne de cerf, tête composée à la Arcimboldo, de tissu, de papier, de végétal séché. Le cert se traîne sur scène, danseuse peinte en blanc. Le cerf porte une culotte qui semble moisie, telle une peau de bête trouvée au fond d’un grenier. L’œil du cert est rouge, in point rouge saillit à son pied. Une danseuse arrive avec un saut percé, le renverse, il est troué, il absorbe sa tête, son bras qui le traverse figure les bois du cerf.

La radio fait son apparition, une lutte s’engage pour la récupérer. L’ombre est l’objet des poursuites des autres personnages, les corps assemblés rappellent des tableaux d’Arcimboldo.

4. Still Life
Assises sur l’échafaudage, deux danseuses sur les côtés droit et gauche tiennent chacune un livre. Elles en lisent des passages, alternativement en japonais et en anglais. Des marbrures dorées sont apparues sur les corps des personnages blancs.

Tout à coup, telle Shiva, ou la Kannon aux mille bras du Sanjusangendo, l’ombre apparaît, dissimulée sous des éventails. Glapissements. Les autres danseuses s’emparent à pleine bouche des éventails, qui prennent la place de leurs visages. Une face dorée, une face rouge, les accessoires modifient l’équilibre chromatique du plateau et le sens de la danse.  

5. The Rite of spring
Sur un Requiem remixé, arrive l’ombre, mais cette ombre est passée à la lumière. Nue à l’exception du fundoshi et de ses cheveux qui l’encadrent, elle est maintenant dorée, et tient l’orbe. Les danseuses en transe l’entourent d’une ronde, la sueur continue de goutter, ruisselant sur et avec le maquillage de leurs peaux. Elles ne vont pas la sacrifier, mais lui rendre culte.

Avant le Sacre du printemps, Jongye YANG avait chorégraphié Youyayouya avec la compagnie Dairakudakan, en 2013. Née à Busan, diplômée de danse de l’université coréenne Kyungsung, elle a rejoint Akaji Maro en 2009. A presque 50 ans, elle réussit avec cette nouvelle œuvre une grande performance, physique et artistique. En dépit d’un fil narratif qui n’est pas toujours évident, mais cela peut faire aussi sa force, on est tenu en haleine tout au long des 75 minutes du spectacle, saisi par la performance au mur des acteurs, par l’ombre obscure qui danse au centre de l’œuvre, et par l’énergie qui se dégage sa chorégraphie. Quelques taches de couleur, de rouge, parfois l’or, nous guident tout au long des tableaux, traçant des repères. Le spectacle s’est conclu par des applaudissements nourris et de nombreux rappels du public, manifestant l’enthousiasme général, des amateurs autant que d’une troupe lithuanienne venue assister à la performance.

For recommended performances in Tokyo and around, check Tokyo Stages from October to December, and the blog.

For a wonderful review in Korean, check https://www.arte.co.kr/stage/review/article/10319
And thank you so much for your question and recommendation, Yang-san, I hope many people will check all kind of dance and theater performances, for the good of performing arts.

Other reviews, on theater plays
The flag and the apron
The mistake